"J'suis là tous les jours. Dimanches et jours fériés. Sauf quand il pleut."
"J'ai deux filles. Une de 19 ans, et une de 11 ans."
"Oui, tu peux prendre en photo. C'que tu veux, tant qu'on voit pas ma gueule."
"J'suis là tous les jours. Dimanches et jours fériés. Sauf quand il pleut."
La prostitution s’est installée massivement dans les forets d’Ile de France.
Et ce, depuis 2003, date de la première loi interdisant le racolage sur la voie publique. Loi modifiée en 2016, pénalisant désormais le client.
Pour signaler leurs présences, les prostitue.e.s, femmes, travestis, transgenres, et des hommes pour moins de 10%, accrochent dans les arbres, des sacs plastiques, des TOTEM(s).
- Ils/Elles sont d’origine des pays de l’Est, d’Amérique du Sud ou d’Afrique. Mais également d’anciennes des trottoirs Parisiens.
- Ils/Elles travaillent dans des conditions déplorables, misérables, quelques soient les conditions climatiques : vent, pluie, neige, froid.
- Ils/Elles créent des œuvres plastiques, brutes, primitives, sans le savoir, d’une grande créativité, proche de l’abstraction parfois.
Ma série TOTEM(s) représente une allégorie de la décadence de notre société. Pour les clients fréquentant les prostitué.e.s des forêts parisiennes, c'est le retour aux premiers temps. Aux temps premiers, d'avant Homo Sapiens. L'animal-totem est le lien indéfectible entre chaque être humain et un animal.
Ma série TOTEM(s) n’est surtout pas une ode aux sacs plastiques mais un hommage à ces forçats du sexe. Par respect pour mes sujets, pour leur sécurité également, je n’ai pas photographié de portraits.
Ce fut une contrainte, d’abord, puis une opportunité, voire une chance par la suite.
J’ai donc travaillé sur le hors-champ.
Suggérer plutôt que montrer. Car je suis adepte du “Less is more”.