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Présentation

La série “TOTEMS” : une ode aux sacs plastiques.

Une ode peut-être triste, relatant un amour perdu, un désespoir face à un monde en détresse.

Une complainte.

Pour moi, cette série TOTEM(s) représente une allégorie de la décadence de notre société.

Aujourd'hui, dans notre société dite "civilisée", la sexualité reste un tabou, encore plus la question de la prostitution. Pour nombres des clients fréquentant les prostitué(e)s des forêts parisiennes, c'est le retour aux premiers temps. Aux temps premiers, d'avant l'Homo Sapiens.

En effet, en consultant l'étymologie de l'expression "Homo Sapiens" sur Wikipédia , on apprend que "Sapiens" est un adjectif latin signifiant « intelligent, sage, raisonnable, prudent », adjectif issu de sapio signifiant « avoir du goût, de la saveur, du jugement ». Homo sapiens est aussi appelé « Homme », « Homme anatomiquement moderne », « Humain » ou encore « être humain ».

Qui a t-il d'humain lorsqu'un client vient assouvir ses pulsions sexuelles l'hiver par -10° en pleine forêt, les pieds dans la boue, en payant de surcroit ?

Qui a t-il de "sapiens" d'exiger parfois un rapport non protégé avec une prostitué(e), comme cela devient de plus en plus fréquent ? Car certains clients, de crainte d'être surpris en flagrant délit par la police, exigent désormais aux prostituées cette pratique. Ainsi ils raccourcissent leur présence sur les lieux et donc la probabilité d'être verbalisé.

Il en résulte une multiplication des risques de contaminations(MST, Syphilis, VIH).

Ces pratiques et comportements ne révèlent-ils pas la part d'animalité qui est en chacun de nous ?

Le TOTEM : emblème d'un groupe de personnes, d'une communauté.

L'animal-TOTEM : le lien indéfectible entre chaque être humain et un animal.

Cet usage détourné d’un des objets les plus représentatifs de la société de consommation, le sac plastique, symbolise donc un totem.

Le totem, en publicité, de forme verticale, s’avère être un efficace  dispositif de signalétique.

Dans ce cas, il peut faire penser également à un préservatif.

Le Totem signifie aux éventuels clients qu’un acte sexuel, tarifé, est possible à proximité.

Le Totem est placé le long de la route, aux abords d’une aire de stationnement.

Le Totem peut être constitué d’un sac unique ou de plusieurs, déchirés, empilés les uns sur les autres.

Le Totem est généralement maintenu à un bout de bois qui fait office de perche ou directement accroché à des branches. Le terme « accrochage » utilisé communément dans le milieu de l’art contemporain trouve ici tout son sens.

Le Totem sera mis en place à l’arrivée et enlevé lors du départ.

Le Totem est laissé sur place et caché sous des feuilles ou dans un fossé.

Le Totem évolue donc en fonction du temps et des intempéries. En fonction également des vols et saccages dus à la concurrence. D’autres matériaux trouvés sur place ou à proximité peuvent servir à fabriquer le totem. Ainsi des tissus, ou des bâches de chantier sont utilisées. Ces matériaux sont abandonnées par des particuliers ou des entreprises indélicates préférant déverser leur déchets illégalement dans la forêt plutôt que de les apporter à la déchetterie. Voir la page Environnement

A noter : Depuis le 1 juillet 2016, il n’y a plus aux caisses des commerces de sacs plastiques à usage unique. Ceux-ci portant gravement atteinte aux écosystèmes de l’eau et des océans. Ils sont désormais remplacés par des sacs plus ou moins biodégradables ou par des pochons en papier.  Petits à petit, les sacs plastiques vont disparaître de la circulation mais ayant une durée de vie de plus de 300 ans, on risque de les voir encore longtemps dans la nature.

 

A cent lieux de ces considérations environnementales, le bizness du sexe ne s’est pas arrêté pour autant.

 

La face cachée des Totems. L’envers du décor.

 

Les scènes et situations sont suffisamment glauques et parlent d’elles mêmes. Les conditions dans lesquelles travaillent ces forçat(e)s du sexe sont misérables. Pas de place à l’érotisme, ni à la sensualité, encore moins au glamour. On est très loin de l’ambiance feutrée des chambres d'hôtel de luxe ou officient certaines escort-girls. Ce ne sont pas les mêmes tarifs non plus. A partir de 20€ « la pipe », entre 30 et 50 euros « l’amour ». La clientèle est bien-sûr attirée par ces tarifs bas ainsi qu’une certaine discrétion. Il n’y a pas de clients types qui fréquentent ces lieux. Du retraité à la recherche de champignons, du jogger ou du VTTiste en exercice, de l’artisan plombier-chauffagiste en tournée, du routier en livraison, du commercial en prospection, en passant par le grand chef d’entreprise avec chauffeur et limousine. Cette pratique sexuelle concerne tous les hommes, sans distinction de couleurs ou de classes sociales. Certains clients parce qu’il ne peuvent avoir d’autres choix, d’autres au contraire, parce que ces conditions précaires les excitent et/ou qu’ils peuvent rapidement satisfaire leurs envies.­

 

Les prostitué(e)s interviewées sur l’enregistrement disent toutes être indépendantes, mais la plupart, pas toutes mais la majorité, sont amené(e)s de la gare jusqu’en forêt, distante de plusieurs kilomètres, par le souteneur/proxénète. La majorité sont des mères élevant seules leur enfants. Pour leurs proches, famille, amis, officiellement elles sont sensées aller faire des ménages à domicile.

C’est la raison pour laquelle elles n’ont pas souhaitées être sur les photos.

C’est par respect pour leur vie privée, et pour leur sécurité, que je me suis interdit de les photographier.

Hormis la désolation et le dénuement de leur environnement de travail, c’est surtout la violence de certains clients, ou des autres souteneur-proxénètes concurrents, ou bien entre elles, à laquelle elles doivent répondre quotidiennement. Le lieu aménagé, de bric et de broc, rudimentaire, ou s'effectue la passe, « la cabane », s’il n’est pas entièrement démonté le soir sera inévitablement détérioré voir détruit à leur retour le lendemain. J’ai été surpris de constater que certains objets comme des chaises, par exemple, prises en photo la veille peuvent se retrouver le lendemain dans d’autres endroits, ou être détruites sur place.

 

L’hypocrisie des pouvoirs publics.

Elle est évidemment à mentionner également. La plupart des aires de parking, proches des lieux de prostitutions se trouvent gratifiés de panneaux de signalisation avec la mention :

« parking fermé temporairement accès interdit sauf dimanche et jours fériés de jour » D’autres panneaux interdisent le stationnement aux véhicules à moteurs.

C’est apparemment la seule solution proposée afin d'empêcher le client d’aller consommer. On interdit donc à tous les citoyens, sans exception, de stationner leur véhicules à certains endroits en forêt plutôt que d’interdire les clients de prostituées ou tout simplement d’interdire cette activité illégale.

Aucune prostituée n’est verbalisée. Les contrôles de polices sont rares. Ils n’interdisent donc pas ces pratiques. Visiblement la nouvelle loi adoptée en avril 2016, la loi Pépro, sensée verbaliser le client et supprimer à terme l'activité même de prostitution n'a rien changée. Elle n’est en fait pas appliquée sur le terrain. Pire, elle a accrue la dégradation des conditions de travail et la sécurité.

 

Un sujet de société que ce « plus vieux métier du monde ».

 

Les pouvoirs publics se donnent bonne conscience et une bonne image auprès de leur administrés en votant des lois censées éradiquer la prostitution mais aucune directive afin de faire appliquer ces lois sur le terrain ne suit. A qui profite le crime ? Est-ce pour préserver une certaine paix sociale que la prostitution est tolérée dans l’espace public ?

Fermer les yeux et tolérer ces pratiques en forêt donne caution à ce que des êtres humains dans la misère, pour la plupart d’entre eux exploité(e)s, vendent leurs corps dans des conditions indignes, misérables, sans aucune garantie sanitaire. Tant pour le client que pour la prostituée. Et à la vue de tous, même des enfants qui peuvent malencontreusement assister par hasard lors d’une promenade au détour d’un chemin à ce triste spectacle.

Lorsqu'une loi va à l'encontre de sa fonction première.

La nouvelle loi sur la pénalisation des clients est entrée en application en avril 2016. Elle semble faire l’unanimité contre elle : prostitués, policiers, associations rejettent cette mesure considérée comme idéologique et difficilement applicable. Voulue et obtenue, non sans démagogie, par certaines "féministes", sur le terrain elle se retourne contre les intéressé(e)s : prostitué(e)s et clients. Fragilisant et précarisant les prostitué(e)s, les obligeant parfois à consentir des actes sans protections. Augmentant ainsi les risques de contaminations. Voir la page Opposants-à-la-loi Vs Abolitionnistes

 

Philippe Fourcade.

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